Choisir de jouer La Guerre de Troie n’aura pas lieu correspond à un désir de la troupe d’aborder le registre tragique avec ce texte riche, nourri au berceau de la culture européenne.
En s’inspirant de l’univers mythique et symbolique du théâtre grec, Jean Giraudoux livre en 1935, en pleine montée du nazisme, une pièce qui reste aujourd’hui d’une forte actualité.
Par les thèmes abordés, elle contient une dimension atemporelle et universelle. La pièce offre en effet une réflexion plus large sur la nature de la guerre, l’amour, le poids de la fatalité et le rôle du langage. Chaque personnage incarne des valeurs qui dépassent les repères historiques.
Les efforts pacifistes du troyen Hector et du grec Ulysse pour empêcher le conflit se heurtent aux menées bellicistes des vieillards de la cité et des nationalistes, tel le poète troyen Démokos qui refuse de rendre Hélène aux Grecs. Le face à face de la troyenne Andromaque, épouse d’Hector, et d’Hélène, la belle et sulfureuse captive qui fascine tant les hommes, permet la confrontation d’une double conception de l’amour chère à Giraudoux : la tendresse conjugale chez Andromaque, la passion simple et insouciante chez Hélène.
Ainsi, en deux actes, les questions autour de l’amour et de la guerre, les pulsions de vie et de mort, rythment et relancent sans cesse la machine inéluctable de la tragédie. Dans sa forme, la pièce, même si des coupures ont été opérées, offre un texte brillant, aux envolées poétiques à l’humour cinglant et empli de dérision.
Ainsi parle Ulysse légèrement désabusé, sans illusions sur l’issue de son ambassade :” le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse ".